La mort est sans remède by Max Allan Collins

La mort est sans remède by Max Allan Collins

Auteur:Max Allan Collins [Collins, Max Allan]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2070417255
Éditeur: Gallimard


XVI

Rita dit :

— Je ne comprends pas comment j’ai pu me laisser embarquer là-dedans.

Elle fixait le téléphone posé sur la table basse devant elle, et les posters qui ornaient les parois de ma caravane semblaient le fixer avec elle.

Je vins m’asseoir près d’elle sur le canapé, avec une Pabst et un verre que je remplis et lui mis dans les mains. Elle but avec avidité. Moi, me renversant sur les coussins, j’asséchai le reste de la bouteille sans me presser. Quelques longues minutes passèrent, puis je dis :

— Vas-y, appelle.

— Je ne sais pas.

— Qu’est-ce que tu ne sais pas ?

— C’est vraiment salaud de faire ça à mon frère.

Conversation qui se répétait, identique, depuis que nous avions quitté le périmètre des Quatre Villes pour rentrer à Port City ; je ne l’avais pas totalement gagnée à mes vues, mais elle avait au moins accepté que la suite de cette discussion se passât sur mon territoire. Son argumentation s’appuyait sur le principe que son frère Harold était incapable de commettre et/ou d’aider à commettre un forfait tel que celui dont Janet Taber avait été la victime. Quand je lui opposais l’incident de la salle d’attente comme preuve contradictoire, elle prétendait qu’il devait s’agir d’un autre Noir borgne d’un mètre quatre-vingt-dix. De plus, son géant de frère borgne à elle ne se serait jamais baladé avec une orbite vide : il portait toujours un bandeau.

— Ce n’est pas salaud, dis-je. C’est dans son intérêt.

— Merde, Mallory, qu’est-ce qu’un fils unique peut savoir de ces choses-là ? Et un Blanc, pardessus le marché.

— Le racisme redresse sa vilaine tête. Enfin, pas si vilaine que ça en l’occurrence. Rends-moi ma bière.

— J’ai tout bu.

Je me levai pour aller chercher une autre Pabst. Quand je revins, elle était penchée sur le téléphone, ses longs ongles effleurant à peine le combiné. Elle me surprit à la regarder et se redressa brusquement. Je remplis son verre et me rassis près d’elle. Je me renversai sur le canapé et asséchai le reste de la bouteille. Quelques longues minutes passèrent, puis je dis :

— Vas-y, appelle.

— Je réfléchissais.

— Épatant. Formidable.

— Tu crois qu’Harold a tué cette Janet.

— Je n’ai jamais dit ça.

— Tu as dit que cette Janet… quel était son nom de famille, déjà ?

— Taber.

— Qu’on a cassé les cervicales de Janet Taber. Que l’accident était une mise en scène, et que quelqu’un lui a tordu le cou.

— Ce n’est pas dire que ton frère l’a tuée.

— C’est sous-entendu.

— Il faut dire qu’il le pourrait sûrement, s’il était d’humeur. D’une seule main. Avec ou sans bandeau.

— Ce que tu peux être salaud, Mallory. Tu ne sais donc pas ce que ça signifie, ce que tu me demandes ?

— Tu es seule à le savoir, Rita.

— Mallory. Mal.

— Quoi ?

— Je ne sais pas. Je ne sais pas, c’est tout.

— Rita, considère plutôt les choses sous cet angle : suppose que ton frère ait vraiment tué quelqu’un, ne crois-tu pas qu’il faudrait faire quelque chose ?

— Ça dépendrait de la personne qu’il aurait tuée, et du pourquoi.



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